Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait
(SEPTEMBRE 1785) 33
« pondre? me disait-1l. Rien du tout, président, « répliquai-je ; et il ne pouvait concevoir mon « sang-froid. »
Je lisais un soir, à M. de Buffon, des vers de M. Thomas sur l’immortalité de l’âme, il riait : « Pardieu, la religion nous ferait un beau pré« sent, si dout ça était vrai! » Il critiquait ces vers sévèrement, mais avec justice, car il est inexorable pour le style, et surtout pour la poésie qu’il n'aime pas. Il prétend qu'il est impossible dans notre langue d'écrire quatre vers de suite sans y faire une faute, sans blesser ou la propriété des termes, ou la justesse des idées. Il me recommandait de ne jamais faire de vers. « J'en aurais fait tout comme un autre, me di« sait-il; mais j'ai bien vite abandonné ce genre, « où la raison ne porte que des fers. Elle en a « bien assez d’autres, sans lui en imposer encore « de nouveaux. »
Ces vers me rappellent un petit mouvement de vanité plaisant, qui les suivit. Le matin du jour dont, je parle M. de Buffon, sous le prétexte de sa santé qui ne lui permettait pas de se fatiguer à parcourir des papiers, m'avait prié de lui faire la lecture d’une multitude de vers
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