Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

126 OEUVRES POLITIQUES DE FABRE D'ÉGLANTINE

le défaut de confiance dans l’assignat. Ce défaut de confiance est très mal fondé, sans doute, puisque l’hypothèque de l’assignat est assurée; mais on ne guérit pas de la peur, et c’est sur cette peur que Pitt et ses agents ont établi leurs calculs, pour la mettre à profit et pour la redoubler, afin d’en profiter davantage.

Une observation importante doit, citoyens, vous attacher ici dans la série de mes raisonnements : c'est que, par l'effet des liquidations, par l'effet des grandesentreprises de fournitures, par l'effet de la disproportion dans les fortunes, par l'effet enfin des dépôts entre les mains de tous les caissiers, receveurs et huissiers de ventes, les assignats sont échus par grosses sommes, et pour ainsi dire par paquets, à un très petit nombre de personnes, et comme la charge en était et en est d’autant plus forte, la facilité à les lâcher à perte a été d'autant plus grande, et l’avilissement de l’assignat d'autant plus rapide et plus grand.

Les propriétaires d’assignats qui craignent de voir s’évanouir leur propriété entre leurs mains, cherchent à les troquer contre des valeurs effectives. D'abord ils ont commencé par accaparer des marchandises; mais outre qu’ils ont craint la colère du peuple, ils ont senti que, ne pouvant exporter ces marchandises, ils seraient obligés de les vendre et de n’en retirer que des assignais ; ils ont dès lors cessé ce commerce et l’ont abandenné à ceux qui ont confiance dans l’assignat, mais qui calculent sur la misère publique. |

Les propriétaires d’assignats, que sous ce rapport nous nommerons capitalistes, ayant renoncé'aux valeurs en marchandises, dont la garde est trop dangereuse et la possession trop visible et embarrassante, ne se sont