Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine
SUR L’AGIOTAGE ET LE CHANGE 427
pas jetés non plus sur les biens-fonds : ‘4° parce qu'ils n'ont pas plus de foi dans les biens nationaux que dans l’assignat qui les représente; % parce qu'ils n'auraient pas trouvé à acheter assez de biens patrimoniaux ; 3° enfin, parce que, d’une part, le haut prix de l'impôt les effraie, et que, de l’autre, ils veulent presque tous, du moins la majeure partie, avoir une valeur effective facile à cacher, facile à dérober à l'impôt, et facile à transporter hors de France, et surtoüt hors de la République.
Les louis d’or et les écus sont devenus alors l'objet de la convoitise des capitalistes. Les avares et les spéculateurs les avaient prévenus; l’or et l'argent monnayés avaient disparu; il a fallu acheter de ceux-ci ces louis et ces écus, ei les capitalistes, les trembleurs n’ont pu s’en procurer que par de très grands sacrifices. C’est ainsi que les louis d’or, qui, après l’émigration complète des nobles, n'avaient élé élevés qu’à la valeur de 40 à : 50 livres assignats, qui, à l’époque du 10 août, étaient retombés à la valeur de 30 livres assignats, sont aujourd'hui montés à la valeur de 130 à 440 livres assignats.
Mais comme l'or et l'argent deviennent, par l'effet de cette peur, plus chers et plus rares chaque jour, comme l'or et l'argent forment aussi des volumes visibles et des masses pesantes, périlleux à transporter, inquiétants à cacher, la peur des capitalistes en a redoublé, et c'est sur ce degré de frayeur et d’anxiété que l’agiotage a fondé ses plus terribles spéculations et notre ruine.
Ici Pitt a imaginé d'offrir à tous les capitalistes et propriétaires de France un moyen sûr de réaliser leur fortune et de assurer ou de la transporter sans risque -hors de la République; bien sûr qu’il était, que plusil