Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine
SUR L’AGIOTAGE ET LE CHANGE 129
je n'en doute pas, c’est Pitt qui a produit le mouvement du sucre et celui du savon, pour parvenir à deux fins : la première, pour que les capitalistes, ne se hasardant plus à réaliser en marchandises, pussent tomber de force entre les mains des agioteurs ses agents ; la seconde, pour opérer le surhaussement des denrées par un double effet. à
Vous concevez déjà le but de Pitt et adhérents, et les bases sur lesquelles ils travaillent tous. Voici leurs moyens et leurs manœuvres.
Pitt a des agents nombreux à Paris, surtout dans la banque. La majeure et la plus opulente partie des banquiers est composée d'étrangers, Anglais, Hollandais, Allemands et Genevois. Tous ces banquiers ne tiennent en aucune manière à la France ; la plupart ont des maisons à Londres, à Amsterdam, à Bruxelles, à Hambourg, à Genève,
Pitt a ouvert à ces banquiers de Paris un crédit illimité, à Londres, sur ses propres banquiers, de lui, Pitt. I a dit à ceux-ci : « Ecrivez à tels et tels, de Paris, de tirer sur vous, et payez strictement toutes leurs lettres de change.
« Payez pour moi, faites l'opération pour mon compte;
je réponds de tout; je m'engage avec vous, et je vous
donne une ample commission, un ample bénéfice. »
Les agents que Pitt a dans Paris ont reçu, à leur tour, leurs instructions : « Tirez, leur a=t-il dit, sur tels et tels banquiers de Londres, le plus que vous pourrez ; je réponds de tout; je m'engage avec vous, et je vous assure un bénéfice énorme, sans compier celui que vous pourrez faire par vous-mêmes et par l’agiotage, »
Les choses étant ainsi disposées, les agents de Pittà