Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine
140 OEUVRES POLITIQUES DE FABRE D'ÉGLANTINE
Il résulte done que l’action de la Compagnie des Indes ne payant ni enregistrement ni impôts, qu’étant constituée en valeur effective et matérielle, etqu'étant apurée à Londres, sa valeur est très haute, très solide, et qu’elle offre aux capitalistes un moyen de réaliser leurs assignats, même sans sortir de France. Je ne me tromperais guère même si je vous disais que le commerce et la navigation de cette Compagnie sont plus en sûreté qu'on ne le pense et que Pitt ménage sur mer les vaisseaux de cette Compagnie, qui le seconde puissamment dans sa conjuration contre nos assignats.
Une observation très importante que j'ai à faire, citoyens, sur la Compagnie des Indes, c’est qu'elle jouit de la plénitude d’un privilège, et c’est ce qui concourt à l’exagération de la valeur de son action ; car le privilège de cette Compagnie, aboli de droit, ne l’estpas de fait. C’est en vertu d’un privilège que cette Compagnie s’est constituée un fonds de 40 millions, qu'elle a accaparé en magasins, en comptoirs, en vaisseaux, tous les moyens de s'emparer de tout le commerce de l'Inde. Vous avez bien délruit son privilège, mais non l’agrégation, la cumulation de tous les moyens de commerce dans l’Inde, qui ne sont que les résultats d’un privilège. Qui voulez-vous qui entre en concurrence avec cette Compagnie ? Qui ne ruinera-t-elle pas ? Ceci est un vrai privilège de fait. En vain vous dira-t-elle qu'elle se liquide; cela n’est pas vrai, sa liquidation n’est que simulée; et la preuve, c’est qu’elle est du double plus riche qu'elle ne l'était en commençant cette prétendue liquidation.
Je me résume, et il résulte de tout ce que je viens de dire et de prouver que les denrées et les marchandises
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