Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine
SUR LES MOYENS DE DÉTRUIRE L'AGIOTAGE 147
Creusons donc un large fossé autour de la République, que nul ne puisse le franchir de part et d’autre sans courir risque de perdre sa fortune ou sa vie. Replionsnous sur nous-mêmes. Songez, Français, que presque partout les hommes vous ont trahis, tout vous a trahis, hors le ciel qui vous a donné sa sérénité et son influence constantes, hors la terre qui a redoublé de fécondité depuis que vous êtes libres, Il semble que la nature ait voulu vous avertir de n’avoir recours qu’à elle, et confiance qu'en elle.
Vous devez donc décréter que toute espèce de communication est rompue entre la France et l’étranger; que la poste ne laissera plus passer aucune lettre au delà des frontières, à moins qu'elle ne soit chargée d'un timbre exprès, que vous ne confierez qu'à des mains nu, et patriotiques, lequel timbre ne sera apposé qu'avec des formalités dont les fonctionnaires publics seront tenus de justifier, sous Jeur in oi et pièces en main.
Par ce moyen, les lettres de change sur l'étranger n'auront plus de valeur; par ce moyen, vos denrées, vos productions, vos armes ne seront plus exportées pour alimenter et armer nos ennemis.
Après avoir ainsi frappé de nullité le papier sur l'étranger, vous devez frapper le papier d’agiotage intérieur, qui offre des valeurs réelles indépendantes des événements, ce sont les actions de la Compagnie des Indes.
Je vous rappelle, citoyens, que les administrateurs de cette Compagnie ont fraudé deux lois depuis environ dix mois. Le caleul le plus approximatif du montant de la somme que cette compagnie a dérobée à la République