Orateurs et tribuns 1789-1794

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= ceux qui ne font point partie de l’Assemblée, Pétion, ee - Carra, Barbaroux, Rebecqui, Louvet, Gorsas conduisent à bonne fin cette révolution. Pétion, maire de Paris, désire Finsurrection, mais, tremblant qu’elle ne réus-

sisse pas, il envoie message sur message à ses amis pour leur rappeler qu’il veut conserver tous les dehors, ne pas s'écarter des formes, et pour se plaindre qu'on

le genevois Clavière venant à Paris, en 1780, et disant à son compagnon de voyage Duroverai, lorsqu'il passe devant l'hôtel du mi-

nistre des finances : « Le cœur me dit que j'habiterai un jour dans

cet hôtel, » « C'était un homme de beaucoup d'esprit, observe Dumont ; il était devenu sourd dès sa jeunesse : privé des plaisirs

de la société, il chercha des dédommagements dans l'étude ; il fit

É son éducation et associa la politique et la philosophie morale aux L détails du commerce ; il n’avait point de courage personnel, il était ‘ ‘timide par tempérament et cependant il s'était placé toute sa vie dans les positions qui auraient exigé de l’intrépidité dans le carac-

tère ; il semblait que son esprit et sa constitution n'allaient pas de concert ; il attaquait toujours l'autorité quoique le danger lui fit

peur; on aurait pu dire de lui ce que madame de Flahault disait

de Sieyès, que c'était le poltron le plus entreprenant du monde.

Il aimait le trouble, il se plaisait dans une situation inquiète et il

en redoutait les conséquences. Il disait que si les disputes politiques

dans un État libre font du mal, elles faisaient encore plus de bien

et qu'elles mettaient tout le monde dans un état plus agréable que l'insipidité du repos. Il pouvait mème vanter l'anarchie et trouver

des sophismes ingénieux pour la défendre. Son ac'ivité était sans bornes ; il se levait au milieu de la nuit, écrivait cinquante prges,

se reposait une heure et vaquait à ses affaires. Son style «tait diffus. Malgré ses idées républicaines, il aimait le luxe et la représenfation.. Clavière remarquait combien les serv:ces de la noblesce étaient coûteux, parce qu'on payait leur qualité ct non leur em-