Orateurs et tribuns 1789-1794

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publique, sa franchise, tant de qualités qui l'ont pénétrée d'estime ct d'admiration ‘; elle ne méconnait pas non plus certains défauts : une sorte de légèreté d'esprit et de caractère qui ne seyaient pas à la gravité de La philosophie, labsence d'autorité personnelle, faute de dignité, l'improvisation hâtive qui lui dicte tant de jugements téméraires, d'ouvrages construits avec des rognures d'histoire; la curiosité trop varite et la bonhomie qui lui donnent l’air de se mêler de tout et l'ont fait accuser d'intrigue par ceux qui avaient besoin de l’accuser. — Quant à Beugnot, il le traite sans façon de vieil enfant toujours prèt à être dupe et tout à fait incapable d’en faire d’autres. Il lui accorde d’ailleurs autant d'esprit que d’imprévoyance, la connaissance de l'histoire et l'ignorance des hommes, tout ce qu'il faut enfin pour faire du bruit dans un parti et le conduire à sa perte.

Mémoires et confessions ne sont trop souvent qu'un procédé littéraire qui consiste à faire son mea culpa sur la poitrine du prochain. Brissot a-t-il suivi la règle com mune? Oui, dans une certaine mesure, et toutefois ses Mémoires frappent aussi par leur accent de sincérité. Son style écrit ne dépasse guère son style oratoire : terne, diffus, emphatique et pompeux, bien que l’auteur

1. Le 7 janvier 1791, elle termine ainsi une lettre à Brissot : > Adieu tout court. La femme de Caton ne s'amuse point à faire des compliments à Brutus. »