Orateurs et tribuns 1789-1794

4182 ORATEURS ET TRIBUNS.

Le comédien Dugazon, trompé par sa femme et son ami M. de Caze, se vengea d’une manière assez originale. Il tire violemment les oreilles du séducteur et s’en va tranquillement; revenu de sa frayeur, celui-ci court après lui dans l'escalier en criant : à l'assassin ! Dugazon applaudit à la colère de son ami, au naturel de son jeu, et gagna la porte, laissant les valets incertains si c'est une parade ou non. Quelques jours après, M. de Caze se trouvait sur le théâtre de la ComédieItalienne : Dugazon laisse la foule s’écouler, et, dans un moment où personne ne le regarde, il applique à son collaborateur un grand coup de canne sur les épaules, puis tourne lestement le dos. Fureur du maitre des requêtes qui crie au guet-apens. « Parade! Parade! » répond Dugazon sansse déconcerter. Et, plus le bâtonné s’emportait, plus le bâtonneur affectait de persiflage et de sangfroid. — « Vous voyez bien, mes amis, que c'est une

fit d'Hypermnestre une critique qu'on appliqua à plusieurs pièces de Lemierre : « C’estune tragédie à peindre ». Interrogé sur le mérite de Guillaume Tell, Voltaire avait méchamment répondu: « I n'y a rien à endire; il est écrit en langue du pays. »—Chabanon ayant été préféré pour un fauteuil d’académicien, Lemierre dont la qualité dominante n'était point la modestie, s'écria : « Il n'est pas étonnant qu’il l'emporte; il joue du vioion, et je ne joue que de la harpe ». Enfin il fut élu en 1781 et voici comment il remercia ses confrères : «Je n'avais guère de liaisons avec vous que par vos ouvrages. La place que vous m’accordez est d'autant plus flatteuse pour moi, que, ne l'ayant sollicitée que par mes écrits, je serais presque tenté de croire que je n’ai eu affaire qu'à des juges. »