Orateurs et tribuns 1789-1794

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sur les toits, dans les cours, dans les murs, hors les murs, dans la petite maison et dans le couvent, dans l'écurie et dans le salon, dans la voiture armoriée et dans l’ignoble fiacre.. Faublas appartient à la partie déjà perdue et gangrenée du xviu* siècle, Faublas résume tout à fait, non l'esprit, non la philosophie, non la poésie, mais le vice, le scandale, la débauche, la nudité, l'oubli de tous les devoirs, la sensualité brutale de cette époque qui fut tout à la fois si grande et si misérable, que nul ne saurait dire toutes ses misères et toutes ses grandeurs... Otez à ce livre cet intérêt que lui donne le temps dans lequel et pour lequel il a été écrit, vous ne trouverez plus qu'un obscène récit sans vraisemblance et sans style, bon tout au plus à charmer les loisirs des marchandes de modes les plus avancées et des commis voyageurs les plus poétiques. »

Certes, le portrait de Jules Janin n’est guère fardé et pèche plutôt par excès de sévérilé, mais combien plus inexacts les jugements de ceux qui ne veulent point voir dans Faublas un livre obscène, qui, à l'exemple de madame Roland, vantent «ces jolis romans, où les grâces de l'imagination s’allient à la légèreté du style, au ton de la philosophie, au sel de la critique », qui n'y trouvent que des amours saines, jamais équivoques, el pour tout dire la fougue avouable de la vingtième année. Qu'on plaide les circonstances atiénuantes, en invoquant les fâcheux précédents de Diderot, Voltaire, Crébillon, Dorat, de Montesquieu lui-même, qu'on in-