Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA GIRONDE. 221

qualifie d'œuvre de royalistes déquisés, prend rang parmi les chefs des Thermidoriens, pousse au 13 vendémiaire, prononce devant les Cinq-Cents un véhément discours contre cette liberté de la presse au nom de laquelle il a lui-même commis tant d'excès. II devient le point de mire des journaux de la réaction, qui le criblent de sarcasmes, de la jeunesse muscadine qui s’assemble devant la boutique de librairie qu'il a fondée au Palais-Royal, chante le Réveil du peuple, insulte Lodoïska. Poussé à bout par ces dures représailles, il riposte un jour en entonnant le couplet : Allons! enfants de la Patrie! Une autre fois, il ouvrit sa porte en s’écriant d’un ton méprisant : « Que veut cette horde d'esclaves ? » Pour comble d’infortune, il écrivit sa réponse à M. Perge-Sequar ; il avait pris ces deux mots latins pour la signature d’un nom propre, et ce fut pour Suard, auteur du Perge-Sequar, une nouvelle occasion de le bafouer. Les élections partielles de prairial an V l’avaient exclu du conseil des CinqCents : il mourut le 48 fructidor de la même année, déjà oublié, assisté seulement par Marie-Joseph Chénier « Sa Lodoïska voulut mourir avec lui », elle but du poison, mais on la sauva et elle accepta de vivre pour son enfant.

Le nom de Louvet rappelle celui de Laclost, comme Faublas rappelle les Liaisons dangereuses ; mais, de ces

1. Né en 1741 à Amiens, mort en 1803.