Orateurs et tribuns 1789-1794

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plice de cette passion où il rencontre pour seul rival... le mari! Quoi de plus ridicule ? : « Vous renoncez à vos heureuses témérités !.. Ne vous souvient-il plus que l'amour est comme la médecine, seulement l’art d'aider la nature? Et depuis quand voyagez-vous à petites journées et par des chemins de traverse? Mon ami, quand on veut arriver, des chevaux de poste et la grande route !.. Dites-moi, amant langoureux, ces femmes que vous avez eues, Croyez-vous les avoir violées? Mais, quelque envie qu’on ait de se donner, quelque pressée que l’on en soit, encore faut-il un prétexte; et y en a-t-il de plus commode pour nous, que celui qui nous donne l'air de céder à la force? Pour moi, je l'avoue, une des choses qui me flattent le plus est une attaque vive et bien faite, où tout se succède avec ordre, quoique avec rapidité, qui ne nous met jamais dans ce pénible embarras de réparer nous-mêmes une gaucherie dont au contraire nous aurions dû profiter; qui sait garder l’air de la violence jusque dans les choses que nous accordons, et flaitter avec adresse nos deux passions favorites, la gloire de la défense et le plaisir de la défaite. »

Celui que Dumont dépeint comme un homme sobre, taciturne, ayant la figure et le regard d’un conspirateur, réservé, spirituel, mais peu communicatif, Laclos était un homme d’aptitudes universelles, propre à tous les genres dans l’action, dans la littérature. Il écrit des poésies, des satires, des livres de stratégie, entre