Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA MONTAGNE. 243

dons grâce aux dieux. » Suffit-il de répéter le mot éloquent de M. Jules Claretie : I! était la grande voix de la patrie en danger, de rappeler après cet historien que sa logique était celle de sa passion, sa passion celle de la foule, qu’une sympathie irrésistible entraîne même ses ennemis vers lui’? Suffitil de citer le mot douteux de Royer-Collard qui, interrogé sur le caractère de Danton, aurait répondu : Magnanime ?! L'histoire ne se contente pas aussi aisément, elle aime à faire justice et il faut en revenir au jugement de M. Taine. trop affirmatif peut-être sur la question de la vénalité, si décisif, si lumineux, si profond sur tous les autres points : « Par tempérament et par caractère, il est un barbare, et un barbare né pour commander à ses pareils, comme tel leude du x siècle ou tel baron du x°... C’est un génie origi-

4. M. Claretie assure qu'à son retour de Belgique, sa première femme étant morte sans qu'il pût recueillir son dernier soupir, il la fit déterrer pour la revoir une dernière fois, et demeura longtemps face à face avec le cadavre défiguré.

2. Le mot est en contradiction formelle avec les récits de RoyerCollard, rapportés par Beaulieu et de Barante. « M. Danton est un philosophe, ajouta M. Royer, et, un jour, il m’a fait l'honneur de me dire sur quel principe reposait sa philosophie. Le voici : « Qui hait les vices, hait les hommes ». Un autre jour, — j'étais alors secrétaire-adjoint de la municipalité, — Danton, qui était substitut du procureur de la Commune, me dit, comme nous sortions de l'Hôtel du département : « Jeune homme, venez brailler avec nous. Quand vous aurez fait votre fortune, vous pourrez alors suivre plus à votre aise le parti qui vous conviendra le mieux. »