Orateurs et tribuns 1789-1794

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après qu'il eut gagné par son travail un rang considérable dans la vie privée, rang qu’il aurait toujours conservé sans doute, si les circonstances n’en avaient décidé autrement.

» Honnèête, laborieux, réglé, versé dans la pratique et dans la théorie du droit, initié aux lettres et à la philosophie, affectueux dans la vie de famille, désintéressé dans l'exercice de sa profession, généreux en tout, également abrité contre les suggestions du besoin et contre les séductions de l’opulence : ce ne fut point par intérêt qu’il entra dans la carrière politique et qu'il embrassa le parti de la Révolution. L’ardeur et l'élévation de sa nature l’associèrent seules à l’œuvre d’affranchissement dévolue à son époque, et il sy voua sans aucune pensée d'avantage personnel, avec cette abnégation et cette fougue qui n’appartiennent qu'aux grandes âmes. »

Je le répète, je ne suis nullement convaincu. M. Aulard se voit obligé d'admettre que Danton prête aux autres les vices dont il est lui-même exempt, qu'il croit trop à la puissance de l'argent, qu'il en parle trop à la tribune, tandis que Robespierre n'y exaltait que les principes : « Le peuple, ajoute-t-il, ne pardonna pas à Danton son goût pour les dépenses secrètes et l'argent qu'il avait manié pendant son ministère. » Et peut-être aurait-on le droit de reprocher aux apologistes de procéder à la manière de Scipion lAfricain, de répondre comme lui: « Montons au Capitole et ren-