Paul et Bonaparte : étude historique d'après des documents inédits
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nous apparaissent aujourd'hui amoindries et affaiblies, tandis que s'élève au centre une puissance formidable, mille fois plus dangereuse plus menaçante que ne l'ont jamais été les empires de Charles-Quint et de Napoléon. Elle s'appuie d’un côté sur l'Autriche domptée et l'Italie asservie, de autre sur l'Angleterre, maîtresse absolue des mers. La paix de tous et l’indépendance de chacun, ces trésors les plus précieux des peuples, sont désormais à la merci d’un grief; que dis-je ! d’un simple accès de mauvaise humeur de l’homme sinistre qui préside aux destinées de VAllemagne unifiée.
C'est à quoi devaient fatalement aboutir les éternelles discordes de la France et de la Russie, discordes qui, ainsi que nous venons de le voir, résultaient elles-mêmes d’un malentendu phénoménal soigneusement entretenu et habilement exploité par des tiers malveillants et intéressés.
Mais comment se fait-il que dans le cours de deux cents ans la Russie et la France ne soient pas parvenues à rompre le charme qui les tenait éloignées l’une de l’autre? N’ont-elles donc jamais rien fait pour se rapprocher, s'entendre, s'unir ?
Des tentatives dans ce sens se sont produites plus d’une fois de part et d'autre, à différentes époques et notamment en 1788, 1800, 1807, 1815 et 1855. Toutes ont échoué par suite d’événements qu'il aurait été plus facile de prévoir que de prévenir. Ces événements sont : la Révolution francaise, la mort violente de l'empereur Paul, les visées de Napoléon à la domination universelle, les journées de Juillet, la dernière insurrection de Pologne. Toutefois, indépendamment de ces causes partielles il y en a eu d’autres, d'un effet plus général et surtout plus permanent. Au nombre de celles-ei, il faut citer en première ligne, ainsi que je l'ai déjà fait, les trames ourdies par les puissances étrangères, la discorde qu’elles ont tenue sans relâche entre Les parties intéressées. Je doute cependant que ces efforts aient pu aboutir si en France comme en Russie ils n'avaient pas été favorisés par des éléments indigènes, en opposition avec la tendance attractive mutuelle des deux pays.
Cette tendance reposant sur l’affinité des intérêts et des sentiments nationaux, il ne faut pas s'étonner de les voir contrebalancés en France par les convenances souvent contraires, je dirai mème par les préjugés des différentes dynasties qui ont régné sur ce pays. Ainsi sous l’ancien régime, Les rois très chré-