Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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Quelque multipliés qu’ils fussent, les devoirs du barreau ne remplissaient pas seuls la vie de Portalis. Doué d’une infatigable activité, il faisait succéder aux plaidoiries la méditation silencieuse du cabinet et semblait trouver le repos dans la diversité des travaux. Dès sa première jeunesse, comme s’il eût pressenti l'éclat de sa carrière future, il étudiait le droit plus en législateur qu’en avocat. Le droit civil et le droit canon, le droit romain et les coutumes lui devinrent bientôt familiers. L'histoire de la législation, cette science si nécessaire et si négligée, lui apprit à ne Jamais séparer une loi des temps où elle fut adoptée, ni des circonstances qui l’expliquent. Enfin, par une conciliation heureuse entre les devoirs de sa profession et les préférences de son esprit, il reprit, à la suite de Domat et de Montesquieu, l'étude des grandes lois philosophiques et morales qui régissent l'humanité et qui servent de base à toutes les législations positives.

Il ne désertait cependant pas le culte des lettres : il aimait .à retremper eson âme à cette source vivifiante où tant de grands orateürs ont trouvé, de tout temps, l'aliment de leur éloquence. Tacite, Salluste, Cicéron étaient ses auteurs favoris ; mais la contemplation des admirables modèles que nous a légués l’antiquité ne le laissait pas étranger aux luttes intellectuelles de son siècle. Il les suivait avec un intérêt mélé d'inquiétude et n’hésitait pas, tout en approuvant les généreuses tendances de la nouvelle école, à en signaler les témérités, à en condamner les excès.

Il avait, en effet, au plus haut degré, le courage dif-