Portalis : sa vie, et ses oeuvres
SES DERNIÈRES ANNÉES 327 fessant ouvertement la doctrine de la suzeraineté temporelle de la cour de Rome. Sur ce point capital, les traditions de l’ordre étaient encore trop constantes à cette époque, et les convictions de Portalistrop arrêtées en sens contraire, pour qu'un rapprochement fût possible. Il n’en professait pas moins une estime aussi profonde que méritée pour les vertus privées, la force de caractère et les utiles travaux des membres de la Compagnie, et il aurait voulu faire revivre leur science et leur habileté, dégagées du fâcheux alliage de leurs ambitions politiques.
Ce désir se liait, dans son esprit, à une pensée que Napoléon [ réalisa plus tard et que Portalis indique déjà dans ses rapports inédits : la constitution de PUniversité. Il était frappé de l’état d'abaissement où la République avait laissé l'instruction publique ; il voyait les colléges détruits ou déserts, le corps enseignant de plus en plus insuffisant, et, en présence des derniers représentants de la science ou dé la littérature du xvim° siècle, il se demandait qui pourrait remplacer, auprès de la jeunesse, ces maîtres habiles, dont la Révolution et la mort avaient si vite éclairei les rangs. La solution du problème lui paraissait impossible, si Von recourait uniquement, pour le recrutement du personnel des lycées, à de jeunes gens dont une carrière pénible et incertaine ne satisfaisait pas l'ambition, ou à des pères de famille déjà mûrs que les soucis de leur vie domestique détournaient des devoirs du professorat, Il pensait que, pour attirer les uns comme pour rassurer les autres, pour exciter les ambitions et donner satisfaction aux