Portalis : sa vie, et ses oeuvres
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courant de l’été de la même année, il se fit opérer de la cataracte. Cette opération longue et douloureuse parut d’abord avoir réussi; mais sa joie et celle des siens furent de courte durée : au bout de quelques jours, la cécité devint complète. Il accepta cette épreuve avec une résignation et un courage admirables, trouvant jusque dans son malheur un sujet de consolation : « Le bonheur de l’homme, disait-il, est imparfait » comme lui-même. J’ai pu, du moins, voir mes pe» tits-enfants !. » Aucune plainte, aucun murmure ne lui échappa; et, peu de temps après, lorsque ses amis vinrent sur sa tombe lui adresser un dernier adieu, cette admirable fermeté en face d’une si cruelle infirmité fut un des traits de son caractère qu’ils rappelèrent avec le plus d’éloges :
« Je me souviendrai toujours avec attendrissement, » dit le Grand-Juge Regnier, de la constance et de la » résignation sublimes avec lesquelles cet homme vrai» ment vertueux supporta son malheur... Lorsqu'il » reparut au milieu de ses collègues pour reprendre ses » fonctions accoutumées, le même calme, la même » sérénité, la même douceur et la même égalité d’hu» meur qu'auparavant ?. »
Ce calme apparent sous lequel Portalis dissimulait sa profonde douleur, prouve quelle force d’àme cachait la douceur de ses formes et l’aménité de son caractère ; mais de tels efforts ne se prolongent qu'aux dépens de la vie. La santé de Portalis déclina rapidement:
4. Notice anonyme de 1807, page 73. 2, Discours du Grand-Juge Regnier sur la tombe de Portalis.