Portalis : sa vie, et ses oeuvres

AVOCAT 39

» pables. Des murmures circulent contre le défenseur , dans un auditoire turbulent et malintentionné. Por, talis s’en aperçoit : avant d'adresser la parole aux , magistrats, il se tourne vers le peuple; il avertit , en peu de mots que la liberté du ministère qu'il , remplit importe à tous les citoyens, et que, dans , l'intérêt de tous, nul ne doit être condamné sans , avoir été défendu. Il obtient le silence, commande , l'attention, justifie les accusés, refuse les précau, tions qu’on voulait prendre pour sa sûreté après sa » plaidoirie et se retire sans recevoir la moindre in, sulte. Ce calme imposé par son éloquence fut de peu , de durée : les magistrats qui venaient de prononcer , arrêt d’absolution furent forcés de s’échapper par , des issues secrètes; il fallut reconduire en prison , les accusés absous, et ils ne purent recouvrer leur » liberté qu’à la faveur d’un déguisement et dans les » ténèbres de la nuit. »

Ce fut le dernier plaidoyer de Portalis au barreau d'Aix. Effrayé de la marche des événements, affigé de la suppression du Parlement et de la division de Pancienne Provence en trois départements ?, menacé par les hommes de désordre qui commençaient à se montrer partout, il se retira dans sa campagne des Pradeaux. Il y passa près de dix-huit mois, partageant ses loisirs entre l’éducation de son fils et la préparation d'un grand ouvrage sur les sociétés politiques, et don-

1. Notice de M. le comte Portalis, page 42. 9. En 1794, il refusa les fonctions de commissaire du Roi dans un des trois départements provençaux.