Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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l'étranger et combattre l’ennemi intérieur qui s’agitait encore dans les provinces de l’ouest. Pour l’accomplissement d’une telle œuvre, il eût fallu beaucoup d’activité, de talent, de vigueur, de probité, d’union et surtout une ferme confiance dans sa propre force : or, la plupart de ces qualités faisaient défaut aux Conseils comme au Directoire. [ls manquaient surtout de cet inviolable respect de la légalité sans lequel il n’y a ni grande assemblée, ni bon gouvernement, ni puissante nation ; le spectacle des coups d’État multipliés, qui étaient, depuis plus de six ans, le régime politique de la France révolutionnaire , avait obscurci, dans leur esprit, la notion du droit, et trop souvent leurs résolutions en fournirent la preuve.

Ainsi, dès les premiers jours de la session, le Corps législatif était appelé à se prononcer sur une question d’un intérêt secondaire en elle-même, importante cependant par son côté constitutionnel et par les tendances que la discussion devait révéler. Il s'agissait de savoir par qui seraient nommées les autorités municipales et judiciaires, dans les départements où les assemblées électorales qui devaient désigner ces fonctionnaires n’avaient pu terminer leurs opérations avant l'expiration des délais légaux. La constitution n'ayant pas prévu le cas, c’était au Corps législatif qu'il appartenait de prononcer. Deux opinions s'étaient produites au sein du Conseil des Cinq-Cents : les uns, jaloux de sauvegarder le principe de l’élection, invoquaient l'esprit du pacte fondamental et niaient qu’il suffit d’un retard peut-être involontaire dans l’exercice du droit des élec-