Portalis : sa vie, et ses oeuvres

AU CONSEIL DES ANCIENS 87 mais avec un honnêteet intelligent patriotisme, le règne de la loi, le maintien de l’ordre et le développement progressif de la liberté. Les constitutionnels, pour la plupart républicains d’antécédents et de convictions, voulaient fermement assurer le triomphe définitif des principes proclamés en 1789. Fatigués de révolutions et convaincus que le premier devoir des hommes politiques est le respect des institutions établies, ils acceptaient l'autorité du Directoire; mais ils exigeaient de lui la répudiation du système de violence qui avait, sous la Terreur, déshonoré la république; ils voulaient que le gouvernement fût énergique sans être despote, qu’il donnât l’exemple de l'obéissance à la loi et qu’il s'efforçcät de fonder sur l’union des citoyens et sur l’apaisement des haines internationales la grandeur et la prospérité de la France.

Né de l’affinité des caractères plus que de la coalition des intérêts politiques, ce parti n’avait pas la forte organisation des deux factions opposées qu’il devait combattre à la fois. Il ne disposait pas, comme les royalistes, de l'influence morale du clergé; il n'avait pas, comme les jacobins, l'appui matériel du peuple des grandes villes ; aucun journal n’était encore voué à la défense de ses opinions, et ses adhérents ne se rapprochaient que dans de simples réunions d’amis. Le parti constitutionnel, au début du Directoire, avait pour base l’opinion publique des provinces et pour chef l’illustre et intègre Carnot. Ses armes étaient les moyens d'action purement légaux, la parole, la persuasion; la plupartdesesmembressiégeaient au Conseildes Anciens.