Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

VIES D'ÉMIGRÉS 145

Brunswick lui-même en était convaincu. Il parlait de l'expédition confiée à son habileté comme s’il n’eût été question que d’une partie de plaisir.

— Je vois avec peine, Monseigneur, disait-il au frère du roi de France, que nous n’aurons aucun obstacle à surmonter ; j’aurais voulu, pour le bien général, que les alliés éprouvassent une certaine résistance, car les Français ont besoin d’une leçon telle qu’elle ne puisse jamais s’effacer de leur mémoire.

Et telle était son arrogance que le comte de Provence, blessé au vif, répliquait :

— Prenez garde, Prince, de ne pas verser dans quelque ornière imprévue ; je présume que les Français disputeront le terrain ; on ne les a pas battus dans toutes les circonstances.

On connaît le piteux échec des alliés devant Thionville, leur défaite à Valmy et leur retraite désastreuse, dans laquelle fut entraînée, vaincue sans avoir combattu, la petite armée des princes. Quand cette dernière s’était mise en marche pour entrer en France, les femmes dont les maris, les pères, les frères ou les fils y servaient, avaient été autorisées à la suivre: « L’empressement fut