Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

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historiens et qui constitue cependant leprincipal attrait de ces résurrections du passé.

Mais quelque intéressante que soit cette partie des Mémoires de Me de Gontaut, elle n’égale pas, j'ose le dire — et de la part d’un peintre des émigrés cet aveu ne surprendra personne — les trop brèves pages consacrées à l’émigration. C’est celles-là que je préfère et sur lesquelles j’insisterai, parce que les infortunes de la noblesse de France fugitive y sont présentées par la plume d’une femme qui en a été letémoin et la victime.

Décidée à quitter la France, la famille de Montault s'était refugiée d’abord à Trèves et ensuite à Coblentz. Là, tout respirait les illusions et l’enthousiasme. L’Autriche venait de déclarer la guerre à la France, avec la Prusse pour alliée, en attendant la mise en train de la Russie. Les armées coalisées étaient placées sous le commandement du duc de Brunswick. Il ne s’agissait de rien moins que de marcher sur Paris et d’y mettre le Roi en possession de son trône. « Dans deux mois, écrivait-on au comte de Provence, les coalisés peuvent être à même de vous faire

terminer la belle saison à Brunoy. »