Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

VIES D'ÉMIGRÉS 119

imaginés, tant ils paraissent irréalisables et non vécus. Ils sont cependant enfantés par la vie ellemême, dont l’histoire n’est que le reflet; de telle sorte qu’on peut la regarder, à quelque époque qu'on s’arrête, en quelque temps qu’on y regarde, comme la plus inépuisable pépinière de sujets de romans. Si des vérités à ce point élémentaires, bien qu’il soit de mode aujourd’hui de n’en tenir aucun compte, avaient besoin d’être démontrées, je ne voudrais, pour rendre irréfutable ma démonstration, d'autre argument que les souvenirs du comte de Virieu qu'a publiés sous ce titre : le Roman d’un royaliste, et mis en scène avec un art incomparable, le marquis Costa de Beauregard.

Imaginez le descendant d’une illustre race dauphinoise, venant au monde au début de la seconde moitié de ce dix-huitième siècle qui allait transformer le monde, voir s’abîmer la monarchie dans les débris de la féodalité, s’éveiller l’esprit philosophique, jeter bas une société polie, lettrée, sceptique, élégante, pourrie jusqu'aux moelles, et surgir à sa place un peuple émancipé au cours des plus tragiques événements.

Donnez à cet héritier d’un grand nom une