Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

126 POUSSIÈRE DU PASSÉ

Grâce aux papiers de Virieu, il n’en sera plus ainsi. Le marquis Costa de Beauregard a été à même d'écrire sur le siège de 1793 quatre-vingts pages qui en disent plus long que ce que nous en savions. Le comte de Virieu dirigeait la résistance sous les ordres de Précy. Sa femme, ses enfants étaient enfermés avec lui dans la ville assiégée. Les notes de sa fille racontent donc ce qu’elle a vu, ce qu’elle avait surpris sur les lôvres de son père, et c’est ainsi que nous possédons enfin une narration, assurément incomplète mais singulièrement vivante, de cette résistance d’un peuple intrépide qu’avaient exaspéré les excès de la Terreur.

La résistance avait été héroïque, allumée, non pas, comme on est trop enclin à le croire, par des royalistes, mais par les partisans des Girondins dont les royalistes ne firent que servir le ressentiment. La répression fut sans pitié. L’échafaud et les fusillades succédèrent au bombardement qui avait à moitié détruit cette malheureuse ville. Précy, fugitif avecune poignée d’hommes, parvint à gagner la Suisse. Virieu, qui avait été chargé de couvrir sa retraite, y laissa la vie,

mais en des conditions si mystérieuses que, pen-