Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

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un total déjà considérable. Une première série avait précédé celle-là. Cétait sous la Restauration et le gouvernement de Juillet. Il y eut alors un vigoureux effort pour faire du nom de Napoléon une arme d'opposition. Béranger, dans ses chansons, s’appliquait à ressusciter la glorieuse légende; Thiers nous rendait vivantes les tumultueuses batailles, et Louis-Philippe, en ramenant en France les cendres de l’empereur, apportait à ces tentatives un appui bien inattendu. Vers ce temps, on vit paraître un grand nombre de mémoires dont le succès révélait l’état de l’esprit public et préparait le terrain pour lavènement non encore prévu du second Empire. Après la chute du trône de Juillet, ce mouvement s'arrêta. Il ne fut pas repris jusque vers ces dernières années. On eût pu croire alors que l'épopée napoléonienne était oubliée et que nul n’y pensait. Mais les souvenirs n’en étaient qu'endormis, et les Mémoires de Marbot donnèrent le signal du plus étonnant réveil qui se pût rêver.

L’extraordinaire, c’est que le mouvement, cette fois, n’était que platonique. Le césarisme

était trop bien mort, trop profondément enterré