Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

LES MÉMOIRES DE GUERRE 163

pour qu'on pût croire à sa résurrection. Non, nul ne la supposait possible. Il fut bientôt évident que la faveur avec laquelle étaient accueillis les nouveaux mémoires ne témoignait d’autre chose que de l’ardent besoin qu’au lendemain de ses défaites éprouvait la France de s’en consoler en se réfugiant dans des temps plus heureux et d'y puiser des espérances nouvelles, comme la conviction qu’elle pourrait un jour renaître de ses désastres. Ce fut bien là le caractère des manifestations qui se sont produites à l’occasion de la publication des Mémoires de Marbot et de ceux qui ont suivi. On a voulu remonter à ces époques héroïques comme on se plaît, durant les jours de misère et de deuil, à revenir sur les jours de joie et de prospérité.

Ce besoin et cette volonté se sont traduits par l'enthousiasme passionné qui a donné à ces publications d’innombrables et toujours avides lecteurs. On a luet admiré, dans le même esprit de recueillement et de curiosité, en quelque sorte religieux, Marbot, Pasquier, Moreau de Jonnès, Macdonald, Chaptal, Parquin, le grenadier Coignet, Thiébault, d’autres que j'oublie, sans par-

ler de ceux que, comme Ségur, on a tiré de l’ou-