Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

LES MÉMOIRES DE GUERRE 179

combien il devait être aisé à un homme habile d’en faire des troupes prétoriennes, et on n’en ressent que plus d’admiration pour les généraux qui les disciplinèrent, les asservirent aux plus grands sacrifices et, à l'ombre d’un drapeau pour lequel elles avaient appris à mourir, les entratnèrent à la conquête du monde.

Cest le propre de la gloire militaire de noyer dans le sillon de lumière qu’elle laisse derrière elle et dans le sang qu’elle a fait répandre tout ce qui pourrait la ternir et la déshonorer. De ces temps déjà légendaires, nous n'avons gardé que les souvenirs purs de toute souillure, patrimoine commun de luniversalité des Français, dont ils sont fiers et qui, par leur incomparable grandeur, sont bien faits pour les consoler aux jours des défaites et des deuils. Dans le livre de Thiébault, la prise de Naples par l’armée de Championnet, aussi tragique que la prise de Saragosse, aussi sombrement grandiose que la prise de Moscou, parlera plus vivement aux imaginations, les flattera plus, surtout, que la pénible histoire de la rivalité des généraux d'Italie ou que les tableaux qu’il retrace de l’indiscipline des soldats.

Mais pour l'observateur, pour le philosophe,