Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

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quelles il eut sa part ne pouvait échapper au merveilleux voyant qu'il était.

Les brutalités et les misères de la vie des camps, l'immense destruction d’hommes que coûtaient les victoires, la démoralisation progressive des âmes par l'esprit de conquête substitué au pairiotisme, les soldats pillards, les généraux cupides et avides de s’enrichir, le vol légitimé par le droit du plus fort, la perversité des consciences se créant et se développant à la faveur du succès, le sens moral s’affaiblissant chez les meilleurs, il nous peint toutes ces choses en des couleurs ineffaçables. Jamais satire plus virulente n’a été écrite contre la barbarie de la guerre, quand celle-ci n’est pas ennoblie par l’unique désir de défendre la patrie ou d’accroître sa grandeur.

À ce point de vue, les pages qu’il consacre à la campagne de Rome sont révélatrices et saisissantes. Il n’est rien de plus douloureux que la révolte des soldats français contre Masséna, dont le glorieux passé est insuffisant à le défendre des calomnies et des insultes propagées, encouragées, indignement exploitées par ses rivaux. On voit là les dangers que créaient à toute heure ies élé-

ments disparates de ces armées improvisées,