Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3, page 241

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A l'approche d’un tel orage, la France, loin de voir venir vers elle un seul allié, ne trouvait pas un seul état qui ne fut au moins son ennemi secret. Vainement l'assemblée constituante avait donné une nouvelle exécution, une nouvelle garantie au pacte de famille avec l'Espagne , il était difficile de s’aveugler sur les profonds ressentimens que devait conserver cette cour contre la révolution. L'humiliation de Louis devait

eser à des Bourbons. Les émigrés, sûrs de trouver de la faveur en Espagne, s’y précipitaient en foule. Tant de haîne annoncait la guerre.

Le roi de Sardaigne avait le premier donné asile aux princes fugitifs, les liens du sang l’unissaient à leur querelle. Son accession à la ligue ne pouvait être regardée comme douteuse. On craignait beaucoup cette puissance , la seule de l'Italie qui eût une force militaire respectable.

La Hollande, rendue à son stathouder par les armes duroi de Prusse, et par les secours de l'Angleterre , était devenue tributaire de cette dernière puissance, qui en disposait d’une manière presqu’aussi absolue que du Portugal. L’épouse du stathouder, femme active et ambitieuse, croyaitqu'ilétaitaussi facile de renverser la révolution de France, qu'ill'avaitété de réprimer les troubles de Hollande. Ses intriguesenflammaient la Prusse et l'Angleterre.

La vieille alliance de la France avec la Suisse, était beaucoup refroidie par l’esprit d'opposition que ses principaux gouvernemens montraient contre les principes de la révolution française. On devait peu compter sur ses secours, mais on avait alors au moins la certitude de sa neutralité, Celle de Venise tenait tellement à ses principes, à sa sagesse héréditaire, qu’on p’avait rien à craindre de ce côté. Le roi de Naples avait les mémes motifs de haîne, et les mêmes dispositions que celui d'Espagne. Elles étaient encore fortifiées par les passipns altières et vindicatives de la reine, qui ressentait tous les outrages qu’éprouvait sa sœur en France. Naples avait voulu se placer depuis peu, dans le rang des puissances militaires et maritimes, et l’on ne pouvait pas tout-à-fait dédaigner cet ennemi, joint à tant d’autres plus redoutables. La cour de Rome com mencçait à reprendre avec quelque succès l'usage de ces armes religieuses , jadis si redoutées. Le refus fait-par la plus grande partie du clergé de France de prêter le serment demandé par l'assemblée constituante, était hommage le plus signalé qu'eut obtenu depuis deux siècles, la métropole du catholicisme.

La masse énorme de tant d’ennemis, l'impossibilité de leur donner un mouvement prompt et uniforme, permettait à la France de les attendre encore quelque temps , de les ralentir, de les diviser même , par d’adroites négociations. L'assemblée

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