Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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vaicut pas été entendus. Collot d'Herbois, présent à ce spectacle, aperçut un suidat qui, vaincu par l'horreur, ne pouvait, n’osait tirer. [ lui arrache son arme. Votlà, dit-il, comment tire un républicain. Le sang se glace à cet affreux récit. Eh! que serait-ce donc si nous entendions maintenant le monstre vanter au comité de salut public ses plaisirs infernaux, insulter à ceux des bourreaux ses collégues qui n’ont eu encore recours qu’à un supplice monotone et sans effet ? Ce fut Barrère qui annonça à la convention le triomphe de la mort. Les cadavres des Lyonnaïs rebelles, ajouta-t-il, iront, portés par le Rhône, apprendre aux perfides Toulonnais Le sort qui les attend. Le fleuve en rejeta un grand nombre sur ses bords. La crainte de la contagion forca enfin Co!lot-d’'Herbois à leur donner une sépulture. ;

Après cinq mois , les victimes manquèrent enfin à Collotd'Herbois, Près de six mille personnes avaient péri. On comptait sur les fatales listes les citoyens les plus utiles, les plus recommandables , et parmi ceux-ci, l'architecte Morand, qui avait construit le pont Saint-Clair. 11 avait long- temps et avec succès défendu son ouvragé contre une entreprise de Dubois-Crancé, qui avait voulu le faire sauter à l’aide d’une machine nommée infernale. Un particulier fut condamné à mort pour avoir dit qu'il donnerait cinq cents mille francs pour faire rebâtir l'Hôtel-Dieu, que Dubois-Crancé avait fait bombarder. L’évêque constitutionnel de Lyon ( Lamourette) fut décapité à Paris. Nous avons eu occasion de parler de lui dans l’histoire de l’assemblée législative. L’abbé Rozier, savant modeste et vertueux, qui avait voué sa vie au perfectionnement de l’agriculture, fut tué durant le siége par l'éclat d’une bombe. Un de nos littérateurs les plus distingués , Fontanes, put sortir de Lyon après le siége : il dut son salut, celui de sa femme, de son enfant, à des traits de présence d'esprit. qui ont été malheureusement trop rares chez des milliers de proscrits, dont la terreur suspendait toutes les facultés.

L'armée qui avait soumis Lyon fut bientôt employée à aller reconquérir Toulon sur les Anglais, les Espagnols et les Napolitains. Voici l’une des époques les plus brillantes de la gloire militaire des Francais; mais n’espérons pas y trouver encore une diversion à ces tableaux d’horreurs qui de tous côtés viennent frapper nos regards. Le fruit de ces triomphes sera un jour l'indépendance de la patrie : mais dans ces momens affreux où nos souvenirs nous ont reportés, la bravoure, l’héroïsme des chefs et des soldats, font les succès , assurent les conquêtes ; mais c’est le crime qui en jouit.

Les troupes des puissances alliées formaient à Toulon une