Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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dre, par trop de timidité à poursuivre un projet inoui dans les fastes militaires? Ne la trouve-t-on pas dans la lenteur et l'embarras des préparatifs de l'Autriche, du corps germanique et du roi de Sardaigne ?

Quel événement a ranimé la ligue après de telles défaites, l’a fortifiée de trois puissances telles que l’Angleterre , lEspagne et la Hollande? Le supplice du roi.

Qui a porté Dumouriez à une désertion qui pouvait livrer nos armées et ouvrir nos frontières ? Le motif en est évident. S'il était indigné de l'état du passé, et plus encore alarmé sur l'avenir, à qui cette indignation et ces alarmes n’é-

taient-elles pas communes en France ?

Qui a causé la guerre de la Vendée? Une barbare intolérance. Qui l’a perpétuée? Une atroce combinaison.

La révolte des Lyonnais, à quoi faut-il l'imputer? A la

lus outrageante, à la plus implacable oppression.

Oublions , s’il est possible, tous les crimes qui étaient renfermés dans un seul événement (la journée du x mai). Ne voyons que les désastres intérieurs , les défaites qui, pendant trois mois, la suivirent, et nous serons convaincus que, jusque-là du moins, la France ne dut rien aux bourreaux de tant de milliers de Français.

Mais ici le tableau change ; et, dans l’ordre chronologique des faits,on voit un rapprochement monstrueux; on lit à chaque page : Teljour, on massacra à Lyon, à Toulon , à Nantes, à Paris; le méme jour, une grande et glorieuse victoire fut remportée aux frontières. L'honneur et la morale demandent , la réflexion permet de séparer ce que l’ordre des temps semble confondre. Si cependant la plus horrible tyrannie eut quelque part au mouvement qui sauva notre.indépendance, ne dissimulons point cette part, mais sachons l'apprécier.

Des cinq tyrans qui, maîtres du comité de salut public, l'étaient de la convention et de toute la France, Robespierre, Billaud-Varennes, Collot-d'Herboiïs, Saint-Just et Couthon, aucun n'avait des connaissances militaires ni des vues politiques. Leur extrême ignorance les sauva de toutes les fautes de la présomption. Les plus défians des hommes firent deux parts du pouvoir ; ils gardèrent pour eux l'oppression et les massacres; ils confièrent toute la partie militaire de la dictature à Carnot. Maisils lui firent acheter cruellement le bonheur et la gloire de sauver sa patrie de l’invasion étrangère. Ils le nommerent leur collégue. Ils voulurentle seconder autant qu’il était en eux. Ils mirent à sa disposition, avec prodigalité, plus de moyens qu’il n’en demandait , et ne l'embarrassèrent que de leur profusion. L'assemblée constituante avait rendu la