Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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griculture toutes ses ressources. Le fermier souffrait et se taisait; il se vengeait sur le propriétaire. À cette époque, on éraignait d’avoir de l'or, et on n’osait l’enfouir : dans tout confident on croyait voir un délateur. La peur produisit le plus étrange phénomène. Les assignats qui venaient de perdre quatre-vingt pour cent de leur valeur, et dont les fréquentes émissions ne se faisaient plus que par des milliards, les assignats furent pendant quelques mois, et dans une grande partie de la France, au pair avec l'argent, et quelquefois préférés. Que de sang versé pour arriver à un tel résultat! Et qui osera calculer ce qu’il en eût fallu verser encore pour le soutenir ‘quelque temps ?

Le comité de salut public envoyait des commissaires de là convention auprès de toutes les armées. Ces derniers concertaient leurs opérations avec Les proconsuls de l’intérieur. On retrouverait parmi eux beaucoup de noms justement abhorrés, et d’autres qui sont éloignés d’avoir mérité les mêmes reproches. On ne peut disconvenir que la plupart de ces hommes ne se soient rendus redoutables aux ennemis extérieurs. Mais ils l’étaient sur-tout aux généraux français. Ils avaient le pouvoir de les destituer , de les envoyer à la mort, de les remplacer provisoirement. Ils en usèrent chacun suivant différentes im -

ulsions. Ils punirent quelques traîtres ; ils firent monter à Féchafaud des guerriers couverts de gloire. Hs sûrent démêler le génie et les vertus militaires dans des héros qui ne les flattaient pas et qui les bravaient quelquefois. Tel fut l'art de Carnot, qu’il parvint à se soumettre tant de surveillans CE qu’il ne paraît pas qu’ils aient beaucoup traversé ses vastes plans de campagne. Souvent ils prirent part à l’action, et montrèrent de la bravoure; d’autres fois ils s’enfermèrent dans des villes assiégées, les sauvèrent ou retardèrent leur reddition. Ceux des membres de la convention qui furent ainsi appelés aux armées rapportèrent de là des formes militaires; et devinrent les hommes d’action que cette assemblée mit en avant dans ses dangers.

Une révolution se formait dans l’art militaire, La tactique allemande employait les soldats comme des machines ; la nouvelle tactique des Français les employait comme des hommes. Cette dernière eut ses progrès. Des généraux remplis d'enthousiasme et doués du génie militaire n’eurent besoin que de méditer sur toutes les causes qui avaient concouru à leurs premières victoires, pour en remporter de plus glorieuses avec de moindres armées, avec de moindres sacrifices, et pour se rendre redoutables jusque dans leurs revers. Des milices indis: ciplinées, mais enflammées de Jeunesse et de gloire, et de qui d'abord le courage emporté dédaignait l’art , devinrent par