Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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de présenter des pétitions à la tête des jacobins, des cordeliers et des faubourgs. Un membre du comité de salut publie, Collot-d'Herbois, attendait d’eux la dictature. Le ministre de la guerre fournissait à leur dépense, afin que le produit de leurs rapines leur appartînt tout entier. On sera tenté de croire qu’ils étaient invincibles, quand j'ajouterai qu’ils pouvaient disposer de la seule milice qui fût à Paris, et qu’on appelait l’armée révolutionnaire.

Hébert et Chaumette venaient de faire la guerre à Dieu, et se flattaient d’avoir anéanti toute espèce de culte. Ceci ne fut point une révolution, ce fut un sacrilége. Ils attaquèrent à-lafois, par une double profanation, la religion , qu’ils voulurent souiller de mille opprobres, et la philosophie, à laquelle ils firent l’opprobre de l’invoquer dans leurs extravagantes fureurs.

L'assemblée constituante avait trop ébranlé les institutions religieuses, Un schisme fut l'effet de la nouvelle discipline ecclésiastique qu’elle voulut établir. Mais la religion , opprimée par lindifférence et les superbes dédains du siècle, se ranima à la faveur des ardentes querelles dont elle fut l'objet ou le prétexte. Il y avait deux cultes, l’un public , l'autre secret ; il y avait deux clergés, l’un soumis à l’ac-

tion du gouvernement, l’autre lui opposant une résistance

obstinée. Comme le gouvernement devenait chaque jour plus odieux à la nation, la soumission des prêtres nommés constitutionnels était représentée comme une complicité ou comme une servitude ; la résistance des prêtres nommés reéfractaires était regardée comme condamnation sacrée de tout ce que le cœur de l’homme réprouvait déjà avec indignation. Les églises parées de leur pompe étaient désertes. Les catholiques, dans la défiance de leur zèle, regardaient tout prêtre constitutionnel comme un mauvais interprète entre le ciel et eux; mais ils allaient soupirer et gémir dans les retraites des forêts, à la suite des prêtres hier échappés au martyre , aujourd’hui le bravant encore. Rien n’était plus déplorable que la position des prêtres constitutionnels. S'ils avaient recours à la protection du gouvernement contre les efforts de leurs rivaux, le gouvernement faisait tant pour leur vengeance, qu’ils compromettaient encore davantage lear sûreté. Il n’y avait d’ailleurs nulle harmonie dans ce nouveau clergé. On y remarquait un assez grand nombre d'hommes de bien, d'hommes de paix, fidèles à la loi de Dieu , et soumis à celle de l’état; mais il renfermait aussi des êtres dont la perversité s’était nourrie dans une longue dissimulation , et qui, lancés dans le scandale, ne voulaient plus s’y arrêter.