Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

NATIONALE. 141

Telle était la condition de la religion catholique en France, lorsqu'Hébert et Chanmette résolurent de l’anéantir, et avec elle tous les genres d’hommages que les mortels peuvent rendre à Dieu... Un motif particulier animaïit leur fureur. La commune de Paris allait opérer le plus grand bouleversement de l’ordre social, sans la convention et son comité de salut public, Hébert et Chaumette voulaient montrer que les religions se détruisent comme elles se fondent , sans le gouvernement. Ils poussaient encore plus loin la démence de leur impiété; ils préparaient un culte à l'athéisme , ils avaient droit d’en être les pontifes.

Au mois de novembre 03, ils se font ouvrir la barre de la convention. Le cortége qui les suit est nombreux, et semble une marche triomphale. Ils traînent avec eux des prêtres qu’on prendrait pour leurs captifs, si ceux-ci ne s’efforcaient d’égaler l’impudence de leurs compagnons. L’archevêque de Paris, Gobet, est à leur tête. Il déclare devant le peuple français, ce ministre de la religion, que la religion est une imposture, et qu’il vient expier, par un mémorable exemple de franchise , le tort d’avoir longtemps offert des fables et des absurdités à la crédulité du peuple ! Il invite tous les prêtres à faire une même déclaration de leurs sentimens secrets. Plusieurs limitent. C’est à qui se déclarera imposteur, à qui applaudira le plus les infâmes qui font cet aveu.

Bientôt les dépouilles des églises sont offertes à la convention par des prêtres et des histrions. Il n’est plus d’autel , de sanctuaire , de tombeau , qui soient respectés par les comités révolutionnaires. Chaque jour la convention est interrompue dans le travail de ses lois malfaisantes par des offrandes, des travestissemens et des danses que forment de concert une populace stupide dans son impiété, des scélérats qui, par leurs extravagances, veulent chasser le remords, des hommes troublés dans leur conscience, qui, en les imitant, veulent cacher leurs terreurs. Ces profanations des mystères de la religion chrétienne ne se bornèrent pas à la capitale, où le peuple était un peu plus préparé à tant de licence ; dans les villages, dans les hameaux, on chercha de pareils trophées pour les apporter à la convention. Le luxe modeste des paroisses était soumis au même pillage que les trésors sacrés de Sainte-Geneviève et de Notre-Dame. J'ai vu le tableau hideux de paysans qui, dans une longue procession , portaient , en les faisant servir aux plus indignes usages, les soleils, les ciboires et les reliques du saint si long-temps invoqué comme le gardien de leurs cabanes , de leurs champs , de leurs troupeaux.