Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
39 INTRODUCTION,
inattendu la déconcerte ; en moins d’une demi heure toutes les batteries sont emportées à la baïonnette: Le corps qui s’est dirigé sur la route est coupé: Dans une position désespérée, les Espagnols se défendent encore avec fureur. Ils semblent convaincusque les Francais portent dans les combats cette cruauté qui était alors le caractère du gouvernement, Dugommier arrête tout carnage inutile, recoit avec humanité des prisonniers, et bientôt sept mille hommes lui rendent les armes. Près de deux cents pièces d'artillerie sont abandonnées par les Espagnols, qui fuient à travers les montagnes. Dugommier entre dans Bagnols, et se prépare à reprendre Collioure, le Port-Vendre et le fort St-Elme. Il charge le général Augereau de chasser les Espagnols d'Arles, de Prats de Molo et de Laurent de la Cerda, et le général Pérignon de s'emparer de tous leurs postes auprès de Bellegarde. L'un et l’autre mettent dans leurs opérations une telle vivacité, que bientôt les Espagnols n’occupent plus sur le territoire francais que quatre forteresses déjà investies. Le général Augereau poursuit sa course jusque dans la Catalogne,. Il bat une forte division de l’armée espagnole, qui veut lui en défendre l'entrée. Cette victoire le met en possession d'une fonderie, où il trouve une grande quantité de bombes et de boulets.
Cependant Dugommier dirige lui-même le siége des forteresses françaises qu'il lui paraît important de reprendre. Ce général, qui avait montré la plus vive impétuosité devant Toulon, ne permet plus à son armée d'entreprise téméraire : il ne veut point d'assaut; il assiége Collioure avec les règles de l'art. Il est légérement blessé devant cette place. Enfin les Espagnols évacuent dans une même nuit Collioure, le PortVendre et le fort Saint-Elme. Les garnisons de ces trois places , qui étaient de sept mille hommes, subirent une capitulation humiliante. On les forcait de déclarer dans un article que les Espagnols regardaient les émigrés comme des traîtres à la patrie, et dans un autre, qu'ils n'avaient dû qu’à la trahison la possession de ces trois places.
Le commandant espagnol de Bellegarde fit tout pour relever l'honneur de sa nation. Assiégé depuis plus de quatre mois, ne pouvant espérer aucun secours , il résista pour attirer sur lui une armée qui menacait l'Espagne. Il ne se rendit que quaod il y fut contraint par une extrême disette. Dugommier montra une constance aussi digne d’éloges, et bien difficile à un général victorieux, à un général francais. Il avait senti l'importance de conserver à la France ce fort intact. Rien ne put l’engager à en ruiner les ouvrages pour en accélérer la reddition.