Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

INTRODUCTION. ST

Dans ce même temps une autre armée francaise se formait. Des bataillons de réquisition rassemblés autour de Baïonne recurent de la convention le nom d'armée des Pyrénées - occidentales. ls sont prêts ; ils escaladent les montagnes qui bordent la rive droite de la Bidassoa , et que les Espagnols avaient garnies de redoutes. Tous ces postes vivement attaqués deviennent le prix de leur audace. Ils se rendent maîtres de la vallée d’Arran; ils marchent sur Fontarabie; ils somment la garnison; elle capitule. Bientôt ils entrent dans Saint-Sébastien. Ils s’avancent jusqu'à Toloza, qui leur ouvre ses portes. Dix jours suflirent pour cette expédition, qui fut conduite par le général Laborde, ,

Ce que venait de faire une -armée peu nombreuse, et pour son premier exploit, indiquait aux Espagnols ce qu'ils avaient à craindre de l’armée plus aguerrie des Pyrénéesorientales. Dugommier n'avait retardé Pinvasion de V'Es-Pagne que pour préparer des moyens qui répondissent à cette conquête.’ Il savait qu'il aurait à forcer des citadelles «Jui avaient été l’écueil de plusieurs illustres généraux. Il s'était pourvu d’une nombreuse artillerie de siége, et il avait combiné les moyens de la transporter à travers les montagnes. Il estimait le courage des Espagnols, et prévoyait que la circonspection qu'ils portaient dans leurs opérations militaires, funeste pour eux quand ils avaient à conquérir, pourrait leur être salutaire lorsqu'ils au raient à se défendre. Il s'était appliqué à former les offi_ ciers de son armée aux grandes combinaisons de l’art militaire; aussi l’école de Dugommier fut-elle féconde en généraux distingués. Mais sur-tout il sentait Pimportance de plier à une subordination sévère une armée qui, formée dans les troubles civils, et destinée d'abord à agir contre des villes françaises, devait plus qu’une autre être remplie de cette sombre et tumultueuse agitation qui tient au fanatisme de parti. Il s'agissait de pénétrer dans un pays où le fanatisme le plus opposé s’est long-temps maintenu. L'irréligion, vaine et ordinaire jactance des camps, allait être provoquée dans ses plaisanteries les plus grossières, dans ses profanations les plus coupables, à l'as pect de toutes les superstitions espagnoles. Dugommier fit ensorte que la discipline des soldats répondit de leur prudence. j

Tout est préparé. L'armée des Pyrénées. orientales pénètre dans l'Espagne. Elle y trouve les villages abandonnés. Les paysans, pleins de terreur et de haîne, forment des corps de troupes qui ne cessent d’inquiéter les Fran-