Quatre commissaires du Conseil exécutif à Angers : (1794)
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lution présenteront à la postérité comme le plus beau monument de la gloire des Angevins et de leur amour pour la liberté. — Eh quoi! cet amour serait-il donc éteint? Les Angevins auraient-ils démenti tant de gloire? Non, non; cette étrange métamorphose ne s’est point faite en eux. La liberté n’a jamais trouvé d’inconstants : quand on l’a véritablement aimée, on l’aime toujours. Les Angevins ont constamment combattu pour elle, les Angevins n’ont eu aucune part aux trahisons de la Vendée, les Angevins n’ont point fédéralisé avec le Calvados, les Angevins n’ont point trempé dans les complots de l’infâme Toulon, qui n’est plus.
« Mais on vous reproche d’avoir lâchement abandonné vos foyers en juin 1793. Eh ! ce serait bien plutôt à vous de vous plaindre, vous qu’on avait eu l’art perfide de placer entre l’alternative cruelle, ou de la fuite ou de la mort. Ce ne sont point les rebelles qui vous ont chassés de vos murs, mais ceux qui devaient vous défendre; on avait enchaîné votre courage, dont les généraux redoutaient les effets; on avait négligé de réparer vos remparts; on vous avait enlevé jusqu’à votre artillerie; on avait même désarmé tous ceux d’entre vous qui, plus braves que les autres, voulaient rester et mourir à leur poste plutôt que d’abandonner leurs femmes, leurs enfants, leurs propriétés. Etsans doute vous eussiez
brigands, dénuée de tout et ayant un grand nombre de blessés, des habitants s’empressèrent de leur fournir tous les secours, en matelas, couvertures, draps, chemises et autres vêtements, au-delà même de leurs besoins. Ils se dépouillèrent de leurs chaussures pour les donner à ces braves soldats. Tout le peuple d'Angers, très hospitalier, logea, dans le même temps, près de trente mille hommes. Pas un d’entre eux ne porta des plaintes. Les citoyens passaient volontiers la nuit sur des chaises pour céder leurs lits à nos frères d'armes. Quelque temps après, on établit à Angers plusieurs hôpitaux militaires pour les défenseurs de la patrie qui avaient été blessés; quinze cents lits furent dressés en vingt-quatre heures. (Note de Baudin).