Quelques lettres de G. -H. Dufour (1813-1815)
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embarcations bien armées. Nous les attendons pour ne tirer que de près, et quand nous commencions à nous apercevoir de la justesse de nos coups au désordre de leurs rameurs, le feu prend tout à coup à des paquets de cartouches qui étaient sur le pont. En un instant, il est partout et je me vois brûler comme un flambeau. Heureusement je ne perds point la tête, je saute dans la mer et je gagne à la nage une petite embarcation que remorquait notre canonnière. J’y monte, dans l'intention de regagner le bord. (J'avais nagé en grande tenue, l’épée au côté. Ce qui m'avait le plus gêné, c’étaient mes bottes. Je gardai même mon chapeau, qui me garantit un peu des brûlures à la tête...) Mais, au contact de l’air, je me sentis comme pétrifié, ne pouvant plus bouger, ayant été cruellement atteint par les flammes, qui ne s'étaient pas bornées à dévorer mes vêtements. J'avais cependant encore mon uniforme et l’on distinguait les épaulettes. Cela me valut, de la part de l’ennemi, plusieurs salves assez nourries, mais les balles passaient sans me toucher. Le colonel et plusieurs matelots suivirent mon exemple.
« La défense cessa et les Anglais, étant montés à bord, s’empressèrent d’éteindre l’incendie. Nous voilà prisonniers; Baudrand