Rapport sur les Dommages de Guerre causés à la Serbie et au Monténégro présenté à la Commission des Réparations des Dommages

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_ Jong de ces fleuves. Toutes les entreprises d'exportation et d'importation y étaient installées, ainsi qu'un grand nombre de fabriques. L'accumulation des richesses nationales le long de ces fleuves et le fait de la situation de la capitale au confluent de la Save et du Danube ont eu comme suite naturelle la centralisation intellectuelle et artistique dans cette même région. Or, c'est cette partie de la frontière qui fut, dès le commencement de la guerre, durant 15 mois, le front de bataille. Sur une rive était l'armée serbe et sur l’autre, l'ennemi. La

distance entre elles variait de 100 à 2.000 mètres.

La Serbie est entrée en guerre sans être suffisamment préparée. L'ennemi lui était incomparablement supérieur, surtout en artillerie lourde. Ses moniteurs naviguaient librement, car la Serbie manquait pour ses canons des projectiles nécessaires.

Pendant quinze mois, l'ennemi a pu bombarder à plaisir la rive serbe avec des canons de tous calibres. Chaque projectile portait. Les plus grandes villes de Serbie (Belgrade, Chabatz, Sméderevo, ete.) ont été transformées en ruines; les magasins et les dépôts remplis de marchandises ont été incendiés et les fabriques détruites.

c) L’isolement de la Serbie par suite de la distance qui la séparaït des Alliés. — C’est un fait connu que l’unité du front de notre côté était chose impossible vu la situation géographique des alliés. Nous avons eu 3 fronts de bataille. Pendant que plusieurs alliés coopéraient sur les fronts italien et français et qu'en Orient combattaient les Roumains et les Russes, les Serbes restèrent abandonnés à eux-mêmes jusqu’au moment de la formation de l’armée d'Orient. Tout le monde se rappelle la lutte entre le colosse austro-hongrois (55 millions) et le nain serbe (4 millions et demi).

Il n’est pas nécessaire d’insister sur le fait que la Serbie devait continuellement donner son maximum d'efforts et être dans une tension extrême pour pouvoir soutenir cette lutte inégale. Aussi l'effort héroïque de la Serbie a-t-il été reconnu par les alliés, et les deux défaites infligées à l'ennemi ont été appréciées à leur juste valeur (l'armée fit à cette occasion environ 60.000 prisonniers). Mais qu'il nous soit permis de dire que les pertes de la Serbie en hommes ont dû être proportionnelles aux succès et aux efforts nécessaires à leur obtention. Cette circonstance fera mieux comprendre le contenu du chapitre qui traite « des pertes en hommes », à savoir: que la Serbie a relativement perdu le plus grand nombre de soldats.