Rapport sur les Dommages de Guerre causés à la Serbie et au Monténégro présenté à la Commission des Réparations des Dommages

de se présenter aux commissions de recrutement. Le village où des « déserteurs » seraient découverts, disait l’ordre de recrutement, serait incendié et la population déportée.

Ces mesures barbares ont fait fuir la majeure partie de la population, même dans les forêts, où ils se firent outlaws (haïdouks). De là à la révolte, il n’y avait qu’un pas. La révolte fut étouffée par le massacre de la population civile, car ceux qui étaient réfugiés dans la forêt ne pouvaient pas être pris. Rien que dans le département de Toplitza 20.000 personnes furent tuées de la sorte (voir le compterendu de la Commission interalliée d'enquête).

La Bulgarie a été infatigable dans la dénationalisation de la Serbie. Deux moyens très en faveur chez elle, étaient employés dans ce but : les assassinats et la déportation. Les intellectuels et toute personnes jouissant d’une certaine autorité étaient les premières victimes (150 prêtres furent exterminés de la sorte: voir le rapport de la Commission interalliée d'enquête). Les assassinats étaient commis sur place ou dans la fameuse station d'étape de Sourdoulitza (voir le rapport « Sourdoulitza ») ou enfin dans les camps de concentration en Bulgarie. Il est intéressant de connaître la façon dont les victimes étaient mises à mort. Tout soldat bulgare obtenait une prime pour chaque vie serbe supprimée. La nuit était la plus favorable pour cette besogne. Les soldats étaient autorisés à tuer tout interné qui sortirait du bâtiment où il se trouvait; les cabinets d’aisance étant éloignés des locaux d'habitation, plusieurs milliers ont ainsi disparu, guettés par les soldats assassins.

Il a déjà été dit plus haut que la Bulgarie n’avait jamais voulu donner de renseignements sur les internés et déportés serbes. Les autorités serbes au fur et à mesure qu’elles reprenaient leurs fonctions dans le pays libéré dressaient la statistique des civils retournés au pays. Leur chiffre s'élève à 52.000; il est facile de se faire une idée du nombre de ceux qui ne reviendront jamais plus au foyer.

Nous citerons plus bas le chiffre de la population civile exterminée par les Bulgares.

B) Les mesures économiques durant l'occupation. Il faut remarquer que les occupants avaient éléminé tous les

fonctionnaires et employés d'Etat serbe. Le pays était gouverné par des militaires et civils ennemis.