Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

94 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

Tandis qu'il écrivait à Paris pour exposer son embarras et solliciter une décision, Dupérou vivait dans Calais comme un touriste, se promenant avec son gardien, visitant le port, les monuments, allant même au théâtre, affectant, en un mot, une insouciance qui déconcertait les soupçons de Mengaud. On se refuserait à croire, si le commissaire de police n’en faisait lui-même l’aveu, que, pour mettre un terme à ses doutes, il alla consulter une . cartomancienne. Les cartes interrogées répondirent que le conspirateur était à Calais, mais qu’il s’évaderait. Le 27 mai, comme pour donner raison à cette prédiction, Dupérou grisait son sergent de ville, se tirait de ses mains et prenait la route de Paris. |

Les documents qui nous apprennent sa fuite constatent qu'il avait quitté son auberge en chemise, en pantoufles et en bonnet de nuit, n’emportant que son argent. Dans sa chambre, on trouva une caisse de livres, des vêteménts neufs, une note - attestant qu’il avait un moment songé à s’évader à cheval, mais rien qui indiquât quelle direction il avait prise.

Furieux de sa déconvenue, Mengaud fit arrêter l’aubergiste en l’accusant d’avoir favorisé l'évasion