Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

LE COMPLOT COIGNY-HYDE DE NEUVILLE. 95

de son client. Mais cette arrestation, qui ne fût pas maintenue, ne le mit pas sur les traces du fugitif. Il craignait qu'il ne se fût embarqué sur l’un des navires qui, dans la nuit de l'évasion, avaient quitté Calais. Il en était réduit à se plaindre, dans ses rapports au ministre, de l'insuffisance de la police de cette ville, du petit nombre des gendarmes, de leur vénalité.

« Il n’y a même pas ici un homme à cheval! »

Il eut, il est vrai, un dédommagement à sa mésaventure. Dans l’auberge d’où Dupérou était parti, son amie, Mme Chalamet, vint se faire prendre. Mengaud la soupçonnaïit de n'avoir fait ce voyage que pour aider son complice à s'enfuir. Conduite à Paris, elle y arriva au moment où Dupérou, moins heureux dans la capitale qu’à Calais, venait d’être arrêté. Confrontée avec lui, elle affirma qu'il n’était qu'un ami qu'elle connaissait depuis son enfance; il fut d’ailleurs prouvé qu’elle avait fait disparaître des papiers compromettants en les mangeant. Elle paya d’une détention de plus de sept mois les soupçons qu’à tort ou à raison elle avait encourus, à raison, selon nous, car tout porte à penser qu’elle était l’un des intermédiaires des correspondances qui s’échangeaient entre