Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

118 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

qu'elle tenait du général Doraison et lui fit soupconner plusieurs individus. On arrêta à Brest un officier d'artillerie nommé Rosamel; à Paris, l’auteur dramatique Marsollier, collaborateur de Dalayrac, auquel il avait fourni le libretto de Nina ou la folle par amour. Mais ces arrestations, qui avaient eu pour cause des lettres trouvées au domicile de Rivoire, ne furent pas maintenues au delà de quelques jours.

En annonçant à Marsollier qu’il était libre, Fouché, qui avait tenu à le lui apprendre lui-même, lui dit :

— Écrivez désormais moins de lettres et faites un opéra de plus.

Pendant ce temps, Rivoire s’efforçait de se soustraire aux recherches de la police et de passer en Angleterre. En quittant Brest, il avait piqué droit sur Paris. Il était parvenu à s’y procurer un passe-port qui le désignait comme un négociant américain venu en Europe pour ses affaires, se rendant à Londres après un court séjour en France et ensuite à Hambourg, d’où il devait retourner dans son pays. Muni de ce sauf-conduit, il se dirigeait sur Calais, où il comptait s’embarquer .