Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

LA MORT DE PICHEGRU,. 143

un personnage non moins mystérieux que Joliclerc. Ce personnage, on le voit:entrer en scène tout à coup, se dresser à côté du général, lui servir de guide et le livrer enfin, en désignant sa retraite à la police, contre le versement d’une somme de cent mille francs. Quoique les documents contemporains soient unanimes à le nommer Leblanc, il s'appelait en réalité Blanc-Montbrun. Ce n’était qu'un vulgaire mouchard, un « observateur », comme on disait alors, et il fit son métier en préparant l’arrestation de Pichegru.

Toutefois, si l'on ne saurait nier la part qu'il y a prise, on ne peut nier davantage celle qu'avec plus d’habileté peut-être, y a prise Joliclere. Les deux hommes ont dans l’événement une égale responsabilité ; tous deux trompèrent Pichegru en lui dissimulant, sous des apparences de dévouement et de complicité, le but véritable qu'ils avaient en vue.

Du reste, sur ces journées si fécondes pour lui en émotions et en angoisses, sur l'emploi qu’il en fit, sur les circonstances qui consommèrent sa perte, il est plus facile de conjecturer que de certifier. Les documents qui pourraient nous guider à travers force dires obscurs et contradictoires, ont