Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

144 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

disparu pour la plupart. On raconte que, chez Treille, Pichegru se rencontra avec Cadoudal, qui s’efforçait comme lui de se sauver et qui ne fut arrêté que le 9 mars. On nous le raconte; mais, on ne nous le prouve pas; et cette absence de pièces écrites et de preuves sur ce point et sur d’autres contraignent l'historien de ces journées tragiques à laisser dans son récit une lacune, s’il ne veut rien affirmer qui ne soit bien établi.

Ce que-nous savons de plus précis, c'est que Pichegru fut arrêté, le 28 février, durant la nuit, dans ce logement de la rue Chabanais où l'avait conduit Blanc-Montbrun. En se couchant, il avait, suivant une vieille habitude, déposé ses pistolets chargés sur une table à portée de sa main, et, après avoir lu assez longtemps, ainsi qu'il le faisait tous les soirs, il avait éteint sa lampe et s'était endormi. Brusquement, un bruit insolite le tira de son sommeil; on ouvrait sa porte, une nuée d’agents emplissait sa chambre et deux ou trois d’entre eux bondissaient sur lui, paralysaient ses mouvements avant qu'il eùt pu s’emparér de ses armes.

Il était grand et vigoureux. Si violemment et si longtemps il se débattit qu’il fallut le ligoter de