Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

LA MORT DE PICHEGRU. 4147

qu'avant de mourir il avait cherché, dans les maximes de l'illustre moraliste Païen, une justification de la mort volontaire. A cette date du 5 avril, il y avait près de six semaines qu'il était au secret et, plus que jamais, dans une ignorance totale du sort qu’on lui réservait.

Dans les bâtiments du Temple, il occupait une chambre au rez-de-chaussée, qui ne recevait la lumière que d’un étroit préau où, pendant quelques instants chaque jour, il pouvait se promener, mais toujours seul, sous le regard vigilant de deux gendarmes. Il ne voyait personne, sinon ses gardiens; il ne pouvait causer avec personne, si ce n’est avec le porte-clés Papon, sous la surveillance duquel il se trouvait plus spécialement. Il passait ses journées dans cette chambre, tantôt assis, tantôt la parcourant de long en large, sans autre distraction que la lecture. Très érudit, assez versé dans les langues anciennes pour traduire à livre ouvert les classiques latins et grecs, elle avait toujours été, pour lui un plaisir.