Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

148 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

IIT

Ce soir-là, Papon, qui lui avait servi à souper, vint, à dix heures, fermer la porte de la chambre, ainsi qu'il en avait l’habitude. Ordinairemeni, cette formalité accomplie, il allait déposer la clé dans les mains du concierge. Par suite d’un oubli dont il s’aceusa ultérieurement, illa garda dans sa poche, où il la trouva le lendemain au saut du lit.

La nuit s’écoula sans incidents. Les deux gendarmes de garde entendirent d’abord, à plusieurs reprises, le général tousser et cracher. Mais, le silence s'étant fait ensuite, ils crurent qu'il s'était endormi. Jusqu'au matin, ils ne perçurent aucun bruit. A sept heures, le porte-clés se présenta pour allumer le feu, s’attendant à trouver, comme toujours, Pichegru réveillé, et à l'entendre lui adresser quelques paroles bienveillantes. Mais, à sa grande surprise, le prisonnier ne bougea pas:

En ce moment, la conduite de Papon, telle qu'elle nous est révélée par sa déposition, est si extraordinaire, si dépourvue de vraisemblance qu'on en doit conclure qne cette déposition a été modifiée