Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

LA MORT DE PICHEGRU. 149

après coup pour des motifs restés ignorés et incompréhensibles. Ilraconte qu’effrayé par le silence et l’immobilité du général, et « craignant un accident », il est allé sur-le-champ prévenir le concierge Fauconnier. Il craint un accident et il ne s'assure pas si sa crainte est ou non fondée, alors qu'il lui suffirait, pour s’en assurer, de s’approcher du lit, où il verrait ce que verront un peu plus tard les magistrats et les chirurgiens convoqués tardivement. Il ne se demande même pas si, à supposer que Pichegru ait été en effet victime d'un accident, il n’est pas temps encore de lui porter secours et de lui prodiguer des soins. Non, tel est l’effroi qui s'empare de lui qu'il ne veut rien savoir, ne regarde pas et quitte la chambre précipitamment. Il est vraiment impossible, on le reconnaîtra, d'ajouter foi à ce récit. La vérité qui s'impose, c’est que Papon a constaté la mort, et qu’alors, mais alors seulement, il a couru chez Fauconnier.

Celui-ci, du reste, ne se montre pas plus curieux que lui. La chambre est au rez-de-chaussée, à deux pas de son logement. L'idée ne lui vient pas d'y entrer; il va lui-même prévenir le colonel de gendarmerie Ponsard, préposé à la garde du