Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

168 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

tout, le culte fut supprimé, remplacé par celui de la Raison, et le prêtre, qu'il eût ou non prêté le serment, fut considéré comme l'ennemi du bien publie, traité comme tel.

À ce sujet, il faut observer que l’on méconnaît le clergé constitutionnel lorsqu'on le représente comme un ramassis de mauvais prêtres. Bonaparte, lui-même, le calomniait lorsque, à la veille du Concordat, il l'appelait « un tas de brigands déshonorés ». Il s’est infligé un démenti en exigeant du pape que plusieurs de ces assermentés fussent réintégrés dans les fonctions sacerdotales à la seule condition d’abjurer leurs erreurs passées et de se soumettre à l'autorité pontificale. Il fut alors dans la vérité et dans la justice, au moins pour un certain nombre d’entre eux, bien plus qu'au moment où il les accablait d’épithètes injurieuses. Beaucoup, en effet, n'étaient coupables que d’avoir eu peur de la misère, que d’avoir reculé devant le martyre ou encore, surtout dans les paroisses rurales, d’avoir cédé aux supplications des fidèles dont ils étaient aimés et qui les suppliaient de ne pas les abandonner.

IL faut remarquer aussi que, souvent, leur con-

duite fut le résultat de la difficulté des commu-